Statue de l’Amazone au Bénin : "Enfin, nous avons notre statue symbolique"

Crédit photo, Rachida Houssou
- Author, Rachida Houssou & Geneviève Sagno
- Role, BBC Afrique
Il a surement été difficile de cacher longtemps ce monument de 30 mètres de haut érigé en plein cœur de la ville, entre le Palais des Congrès et le Port Autonome de Cotonou.
Mais le voile qui entourait le monument est tombé, révélant la gigantesque statue de "l’Amazone" jusqu’aux genoux sur "L’esplanade de l’Amazone".
‘Symboliser le peuple des amazones’
Cette statue qui trône à un endroit stratégique a, d’après l’architecte béninois Luc Gnacadja, tout pour devenir un incontournable.
"De par cette dimension, de par son positionnement, en face de la présidence de la République, c’est une statue qui est appelle à symboliser le peuple des amazones, une statue qui est appelée à marquer la ville. Une ville a besoin de repères et les deux participent au récit national et moi je voudrais qu’on lui donne le nom que dans le du royaume du Dahomey on lui donnait. Il y a le nom, il y aura la stèle qui va raconter ce à quoi cette statue est destinée. Cela nous amène à apprendre l’épopée des amazones et enfin la place de la femme".
L'une des premières images, capturée par le photographe Éric Ahounou, a fait le tour de la toile et a suscité de nombreux commentaires.
"En voyant la statue même pas complètement dévoilée, je me suis dit ‘enfin, nous avons notre statue symbolique’. C’était tout à fait normal que je sorte mon téléphone portable pour la prendre. J’aurais aimé être là en ce moment-là avec mon appareil photo.
"J’ai plus été surpris par le fait que partout sur les réseaux sociaux la photo revenait. J’ai regretté à un moment donné de ne pas l’avoir signée", a déploré Éric Ahounou.
Sa photo a cumulé des milliers de vue.
Une ode à la femme béninoise

Crédit photo, Rachida Houssou
Le chantier n’est pas encore terminé mais c’est déjà une grosse attraction. Il y a des tee-shirts et des mugs à l’effigie de la statue. Pour le ministre béninois du Tourisme, de la Culture et des Arts Jean-Michel Abimbola, il s’agit d’une ode à la femme béninoise.
"Nous avons la figure de l’héroïsme féminin béninois, du courage, de la splendeur, de la bravoure de Béninoises d’hier qui ont su défendre les frontières d’un royaume et qui aujourd’hui continuent de défendre les frontières d’une République à travers le marché, à travers leur engagement citoyen, qui continuent de nous montrer cette figure du courage. Chacun de nous peut se retrouver à travers cette figure", a-t-il déclaré.
Le chantier n’est pas ouvert au public mais les passants, les curieux et les admirateurs peuvent désormais admirer la posture majestueuse de cette guerrière dans une allure de combattante, arme en main.
"Je suis passée à côté, j’ai essayé, on m’a dit non ce n’est pas encore ouvert madame. Mais je suis restée à quelques mètres. Je suis très fière de ce que j’ai vu déjà. On a une statue qu’on voit, on peut s’identifier à elle surtout pour nous les Béninoises", a dit une passante.
Cette statue de bronze semble être un symbole bien pensé et important qui peut agir sur les mentalités, inspirer les petites filles et montrer l'importance des femmes dans l'édification d'une nation et cela partout dans le monde.
"Nous sommes venue en famille pour voir la jeune statue qui est en train d’être installée. On a vu les images sur les réseaux sociaux et on a voulu venir voir de nos propres yeux. C’est différent des choses qu’on a toujours vues, je suis fier également que mes enfants voient ça, cela raconte une partie de l’histoire du pays", a indiqué un habitant.
Plusieurs sources confient que le monument pourrait être officiellement dévoilé dans le cadre de la fête nationale célébrée chaque premier aout.
L'armée des Amazones : qui était ces femmes redoutables et redoutées ?
Les Amazones ont joué un rôle majeur au sein du puissant royaume de Dahomey, le Bénin actuel.
Protectrices du roi Ghezo, qui a régné sur le Dahomey de 1818 à 1858, elles ont formé une troupe d'élite, lui jurant fidélité jusqu'à la mort.
Ces redoutables gardes du corps féminins étaient souvent recrutées à l'adolescence par le roi pour leur force et leur beauté mais aussi parce que la main-d'œuvre était de plus en plus rare en raison de la traite européenne des esclaves.
Les récits historiques sur les Amazones sont peu fiables, bien que plusieurs marchands d'esclaves, missionnaires et colonialistes européens aient relaté leurs rencontres avec des guerrières redoutables, intrépides et impitoyables.
C'est d'ailleurs en référence au mythe des femmes guerrières de la mythologie grecque qu'elles ont été surnommées les 'Amazones du Dahomey' par les Européens au 19e siècle.
Aujourd'hui, les historiens les appellent "mino", ce qui peut être traduit par "nos mères" en langue locale, le fon.
Leur esprit subsiste toujours dans les danses traditionnelles du Benin















