Au Soudan, les militaires disent avoir pris le pouvoir

Le président Omar el-Béchir a été destitué et arrêté. (Photo d'archives)

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Légende image, Le président Omar el-Béchir a été destitué et arrêté (Photo d'archives).

Le ministre de la défense du Soudan a annoncé à la télévision nationale la destitution et la détention en lieu sûr du chef de l'Etat Omar el-Béchir qui dirige le pays depuis près de 30 ans.

Cette décision tombe après quatre mois de manifestation contre le régime Soudanais.

Le Général Awad Mohamed Ahmed Ibn Auf a aussi annoncé que l'armée supervisera un gouvernement de transition de deux ans qui sera suivi par des élections. Entre temps la constitution a été suspendue.

Le pays observera un mois de couvre-feu et toutes les frontières seront fermées jusqu'à nouvel ordre et le bureau du premier ministre et le parlement ont été dissous.

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Mea culpa du régime

Depuis le 19 décembre, des centaines de milliers de Soudanais sont descendus dans la rue pour participer à des manifestations, suscitées au départ par l'augmentation du prix du pain, multiplié par trois.

Le mouvement a pris plus d'ampleur le 6 avril lorsque les manifestants ont décidé de faire un sit-in devant le quartier général de l'armée.

Les femmes ont joué un grand rôle lors des manifestations au Soudan (Photo d'archives)

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Légende image, Les femmes ont joué un grand rôle lors des manifestations au Soudan (Photo d'archives)

Le premier vice-président et ministre de la défense, le général de corps d'armée Awad Mohamed Ahmed Ibn Auf, a annoncé lors de son discours à la télévision nationale un cessez-le-feu global dans toutes les régions du Soudan et la libération immédiate de tous les détenus politiques.

Il a aussi reconnu que Béchir avait mal géré le pays et a présenté ses excuses pour les personnes qui sont décédées lors des manifestations dans le pays.

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L'Association des professionnels soudanais, le collectif qui a organisé les manifestations de ces derniers mois, a affirmé que les annonces du ministre de la Défense sont un coup d'Etat inacceptable.

Dans une déclaration très dure, le collectif a affirmé que les mêmes visages qui avaient détruit le pays et tué des gens étaient toujours au pouvoir. Il les a accusés d'essayer de voler chaque goutte de sang et de sueur du peuple soudanais.

Il a exhorté la population à continuer son sit-in aux portes de l'état-major militaire à Khartoum, ainsi que les manifestations dans les rues de la capitale et à l'intérieur du pays.

Quelques dates importantes sur Omar el-Béchir :

1989: prise du pouvoir à la faveur d'un coup d'État soutenu par les islamistes, contre le gouvernement démocratiquement élu de Sadek al-Mahdi.

2003: lance ses troupes contre une rébellion au Darfour (ouest), conflit qui a fait plus de 300 000 morts selon l'ONU.

2005: accord de paix avec la rébellion sudiste après plus de 21 ans de guerre civile.

2009: visé par un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour "crimes de guerre" et "crimes contre l'humanité" au Darfour, puis en 2010 pour "génocide".

2010: élu président lors des premières élections multipartites, boycotté par l'opposition. Réélu en 2015.

2011: le Soudan du Sud proclame son indépendance. Khartoum perd les trois quarts de ses réserves pétrolières.

2013: manifestations contre la hausse du prix du carburant : des dizaines de morts officiellement, plus de 200 selon Amnesty.

8 avril 2019: destitué par l'armée, à l'issue d'une vague de contestation populaire débutée en décembre 2018, dirigée d'abord contre la hausse du prix du pain, puis contre le régime lui-même.

A regarder :

Légende vidéo, L'icône des manifestations au Soudan