Trump avait cinq objectifs en matière de droits de douane : en a-t-il atteint un ?

    • Author, Anthony Zurcher
    • Role, Correspondant pour l'Amérique du Nord à Washington

Donald Trump a annoncé la semaine dernière un plan tarifaire massif qui aurait bouleversé l'ordre économique mondial ainsi que les relations commerciales établies de longue date avec les alliés de l'Amérique.

Mais ce plan – ou du moins une partie importante de celui-ci – est en suspens après que le président a suspendu les droits de douane plus élevés sur la plupart des pays pendant 90 jours tout en se lançant dans une guerre commerciale avec la Chine.

Avec ce revirement partiel, Trump est-il plus proche de réaliser ses objectifs commerciaux ? Voici un bref aperçu de cinq de ses principales ambitions et de leur situation actuelle.

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1) De meilleurs accords commerciaux

CE QUE TRUMP A DIT : "Pendant des décennies, notre pays a été pillé, saccagé et pillé par des nations proches et lointaines, amies comme ennemies".

Le plan commercial initial de Trump a eu un impact considérable qui a eu des répercussions dans le monde entier, avec un tarif de base fixe de 10 % sur tout le monde (y compris certaines îles inhabitées) et des tarifs « réciproques » supplémentaires sur les 60 pays qui, selon lui, étaient les pires contrevenants.

Cela a mis les alliés et les adversaires dans une situation difficile, alors qu'ils étaient confrontés à la perspective d'un coup dévastateur pour leurs économies.

La Maison Blanche s'est empressée de vanter le nombre de dirigeants mondiaux qui ont contacté le président pour conclure des accords et offrir des concessions commerciales – « plus de 75 », selon le secrétaire au Trésor Scott Bessent.

Bien que l'administration n'ait pas publié la liste de tous les pays dont Trump a déclaré mardi qu'ils « m'embrassaient le cul » et promettaient de faire n'importe quoi, les États-Unis ont annoncé qu'ils étaient en négociations avec la Corée du Sud et le Japon, entre autres.

À RETENIR : Les partenaires commerciaux des États-Unis ont 90 jours pour parvenir à un accord avec Trump, et le temps presse. Mais le fait que les négociations aient lieu indique que le président a de bonnes chances d'obtenir gain de cause.

2) Stimuler l'industrie américaine

CE QUE TRUMP A DIT : "Les emplois et les usines reviendront en force dans notre pays… Nous dynamiserons notre base industrielle nationale".

Trump affirme depuis des décennies que les droits de douane constituent un moyen efficace de reconstruire le tissu industriel américain en le protégeant de la concurrence étrangère déloyale. Si certaines usines peuvent augmenter leur production dans leurs installations actuelles, des efforts plus conséquents prennent du temps. Et pour que les chefs d'entreprise se décident à relocaliser leurs lignes de production et à investir dans de nouvelles usines aux États-Unis, ils voudront s'assurer que les règles du jeu sont relativement stables.

Les mesures tarifaires, en dents de scie, prises par le président la semaine dernière sont toutefois intrinsèquement instables. Pour l'instant, il est difficile de prédire où se situeront les niveaux finaux des droits de douane et quels secteurs bénéficieront des meilleures protections. Il pourrait s'agir aujourd'hui des constructeurs automobiles et des producteurs d'acier, et demain des entreprises d'électronique de pointe.

À RETENIR : Lorsque les tarifs douaniers sont appliqués et supprimés apparemment au gré du bon vouloir du président, il est beaucoup plus probable que les entreprises – aux États-Unis et à l'étranger – se replient sur elles-mêmes et attendent que la poussière retombe avant de prendre des engagements importants.

3) Face à la Chine

CE QUE TRUMP A DIT : "J'ai un grand respect pour le président Xi de Chine, un grand respect pour la Chine, mais ils profitaient énormément de nous".

Après le revirement de Trump sur les tarifs douaniers mercredi, plusieurs responsables de la Maison Blanche – dont le secrétaire au Trésor Bessent – ​​ont rapidement déclaré que l'objectif de Trump était de s'en prendre au véritable méchant, la Chine.

« Ils sont la plus grande source des problèmes commerciaux des États-Unis », a déclaré Bessent aux journalistes, « et ils sont en effet le problème du reste du monde.»

Si Trump voulait une bataille de volontés avec la Chine, testant la tolérance de chaque camp à la douleur économique et politique, il l'a obtenue – même si le président et ses assistants ont laissé entendre qu'ils cherchaient une rampe de sortie.

Mercredi, Trump a déclaré imputer la responsabilité du conflit commercial actuel aux anciens dirigeants américains, et non à la Chine. La veille, la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, avait déclaré que le président serait « incroyablement courtois » si la Chine tentait de conclure un accord.

À RETENIR : Même si cette confrontation est souhaitée par Trump, s'en prendre à la deuxième économie mondiale, dotée d'une puissance militaire à la hauteur, comporte un risque énorme. Et, ce faisant, l'Amérique risque de s'aliéner les alliés dont elle a le plus besoin dans une telle confrontation.

4) Augmenter les revenus

CE QUE TRUMP A DIT : "C'est maintenant à notre tour de prospérer et, ce faisant, d'utiliser des milliards et des milliards de dollars pour réduire nos impôts et rembourser notre dette nationale, et tout cela se produira très rapidement."

Au cours de la campagne présidentielle de l'année dernière, Trump a régulièrement vanté le fait que les tarifs douaniers qu'il proposait généreraient d'importantes sommes d'argent nouvelles, que les États-Unis pourraient ensuite utiliser pour réduire leur déficit budgétaire, financer des réductions d'impôts et financer de nouveaux programmes gouvernementaux.

Une étude réalisée l'année dernière par la Tax Foundation, une organisation non partisane, a estimé qu'un tarif universel de 10 % – qui est celui sur lequel Trump a opté pour au moins les 90 prochains jours – générerait 2 000 milliards de dollars de nouvelles recettes au cours des 10 prochaines années.

Pour mettre cela en contexte, les réductions d'impôts que le Congrès a récemment incluses dans son projet de budget non contraignant coûteraient environ 5 000 milliards de dollars au cours des 10 prochaines années, selon le Bipartisan Policy Center.

À RETENIR : Trump voulait plus de recettes douanières, et s'il s'en tient à ses tarifs de base, plus les taxes supplémentaires sur certaines importations et des taxes plus importantes sur la Chine, il les obtiendra - au moins jusqu'à ce que les Américains se tournent vers une production plus nationale, lorsque l'argent des tarifs pourrait se transformer en un filet.

5) Des prix plus bas pour les consommateurs américains

CE QUE TRUMP A DIT : "En fin de compte, une production nationale accrue se traduira par une concurrence plus forte et des prix plus bas pour les consommateurs. Ce sera véritablement l'âge d'or de l'Amérique."

Les analystes et les experts ont avancé une multitude d'autres explications pour expliquer la décision agressive de Trump sur le commerce la semaine dernière. Cherchait-il à faire baisser les taux d'intérêt, à dévaluer le dollar américain ou à amener le monde à la table des négociations pour un nouvel accord commercial mondial ? Le président lui-même n'a pas beaucoup parlé de ce genre de projets élaborés.

Il n'a cessé de parler de sa volonté de réduire les coûts pour les consommateurs américains, et il a promis que sa politique commerciale contribuerait à y parvenir. Si les prix de l'énergie ont chuté la semaine suivant l'annonce par Trump de son plan de taxes douanières, cela pourrait s'expliquer par la crainte que les guerres commerciales ne déclenchent une récession mondiale.

Les économistes s'accordent à dire que les nouveaux droits de douane entraîneront une hausse des prix à la consommation, car ils s'ajouteront au prix des importations et, à terme, lorsque la concurrence pour les produits fabriqués aux États-Unis diminuera. L'an dernier, la Tax Foundation a estimé qu'un droit de douane universel de 10 % augmenterait les coûts des ménages américains de 1 253 dollars en moyenne la première année. Les économistes préviennent également que les Américains à faibles revenus seront les plus durement touchés.

À RETENIR : Une augmentation des prix est une flèche qui va dans la mauvaise direction – et elle représente un énorme handicap potentiel pour la position politique de Trump et les perspectives électorales futures de son parti.